Les Trois-Balais

I'm here!

Son entrée fut remarquable et il était évident qu’une telle situation suscite rires et moqueries de la part de plusieurs personnes qui s’étaient retrouvées par simple hasard à admirer la pirouette mal effectuée de l’Oshild, qui non sans mécontentement partit s’asseoir seule au plein milieu du pub.


La jeune fille entendit quelques chuchotements qui lui semblèrent durant quelques brèves secondes, tels un couinement de multiples souris, ce ne fut qu’en se retournant qu’elle remarqua deux personnes assises à se parler, et, en plissant légèrement le regard et se concentrant sur les sons muets qui sortaient de leurs bouche _car à une telle distance, elle n’entendait guère leur discussion_ qu’un petit déclic semblable à une détonation l’électrisa. Elles étaient plus ou moins en train de parler d’Oshild. De Vélane Oshild ou plutôt de se moquer d’elle. La jeune Gryffondor ne leur accorda pas plus d’attention et préféra se concentrer sur tout autre qui ne pouvait être intéressant ; la table en bois par exemple.


Par intuition, Vélane se retourna, son esprit le lui demandant, elle adressa un regard dénudé de toute expression aux deux filles âgées qui lui firent signe de s’avancer vers elles. D’une autre manière bien plus simple, les ennuis et problèmes invitaient en personne la jeune fille à s’asseoir à leur table. De longues minutes passèrent où la jeune fille pour toute réponse fixa d’un regard absent les deux personnes, deux filles, une semblant plus âgée que l’autre. Des minutes passèrent où seul la voix du silence animait l’air. Se levant d’un pas mesuré cette fois –ci, l’Oshild s’approcha des inconnues en se méfiant tout de même, prête à attaquer avec ses mains, griffant et arrachant pointes de cheveux, mais pour l’instant, elle se contenta de ramener sa chaise, sachant qu’il y en avait déjà une vide, et continua d’afficher cet air absent à en faire effacer les sourires, et s’assit normalement, laissant le silence suspendu dans l’air glacial telle une paroi de verre invisible.

Sitôt assise, soit à peine la jeune sorcière eut le temps de savourer ces quelques secondes de silences qui s’étaient imposé, que prise par l’ironie du sort, Vélane se retrouva confrontée à deux personnes qui lui étaient inconnues. Elle entendit sans vraiment écouter les paroles de la jeune fille dont le prénom lui avait échappé et se contenta de fixer un point invisible, au-dessus de leurs têtes. Rien d’intéressant, ni d’inintéressant, un simple point distrayant dont l’objectif était d’épargner à la jeune fille de se présenter, mais surtout de parler. Elle n’était point en manque de mot, elle ne balbutiait guère et n’avait pas peur de parler aux autres, mais elle évitait toute conversation amicale ou pas qui pouvait l’emmenait à des « happy ending ».


Fixant toujours ce quelconque point qui à présent, se situait aux côtés du comptoir, l’Oshild entendit une voix, un peu plus grave qui appartenait sans doute à la personne la plus adulte.  Une directrice. Une Poufsouffle. Autant dire ce qu’elle avait essayé d’échapper durant sa vie. Se demandant toujours ce qu’elle faisait dans ce lieu, la jeune fille se mit à dévisager les inconnues devant elle, non sans une mine froide et entrouvrit légèrement ses lèvres comme pour parler quand une petite voix dans sa tête résonna : « La plus âgée apprendra à te reconnaître durant ta scolarité, la môme, tu la rencontreras durant un cours. Inutile de te présenter » .  Fermant sa bouche, la jeune fille haussa les épaules d’un air nonchalant, et pour toute réponse se contenta de dire :


- Elève.


Ce seul mot, si petit soit-il, ces trois syllabes lui coûtaient chers. Elle se maudissait d’avoir parlé et ses lèvres la brulaient. Une voix moqueuse et familière ne tarda pas à lui transpercer les oreilles dans un souffle sifflotant. « Bravo » .

désolée du retard :/

La perception de sortir dehors et de profiter d’un peu de solitude fut fort louable pour la jeune fille, qui outre, forcée à menait une discussion des plus normales, pour ne point dire banales, se sentait mitigée à la simple idée de devoir faire trembler ses lèvres en un murmure à peine perceptible. « Elève, dis-tu » murmura une voix qui n’était point la sienne dans sa tête presque rousse. Cette même voix fut prise d’un fou rire glaçant et la jeune fille en haussa les épaules en se mordant  la lèvre  si bien qu’un goût amer et métallique la transperça.


- Ça aurait pu être pire.


Vélane répondit à l’esprit qui malmenait sa tête,  elle  se rappelait, après la mort de son père de s’être réveillée une nuit en entendant une voix étrangère qui provenait de sa tête. Au premiers abord, elle avait cru qu’elle commençait à déraisonner  puis au fil du temps et surtout dû à la coutume, elle s’était mise en évidence qu’elle servait d’éloge à un esprit. Un raclement de chaise fit sortir la jeune sorcière de ses pensées et la ramena à la réalité. C’était la jeune femme qui s’en allait. Vélane la regarda un long moment sans ciller, puis se retourna sans lui accorder plus d’importance.


« Une personne de moins. Puisse l’autre s’en aller aussi. » Vélane prit son sac et se mit à y rechercher une simple feuille et y écrivit quelques mots. Elle s’arrêta au plein milieu d’une phrase, et prit sa baguette,  entamant un sort  avant qu’elle ne la rejette brutalement dans son sac. Elle avait promis à son père, de son vivant, de ne point user de magie même en cas d’extrême danger. Situation ennuyeuse. Elle dévisagea la jeune fille qui semblait avoir un bon appétit un long moment, puis mine de rien, un petit sourire qui n’augurait rien de bien étira ses lèvres en un trait effrayant.

Et vous m'en voyez désolée...du retard.

Ce n'est pas grave ^^'


Kim regardait la nouvelle venue avec une expression étrange. Elle ne laissait rien paraître mais mille questions se bousculaient dans sa tête. La jeune fille en face d'elle semblait elle aussi dans ses pensées et la Poufsouffle ne put s'empêcher d'avoir un vague frisson qui lui parcouru l'échine lentement. Son interlocutrice finit par répondre:


Kim ne répondit pas. Elle ne savait pas quoi dire. La jeune fille en face d'elle n'avait pas l'air d'être très bavarde. Comme si chaque mot qu'elle prononçait lui coûtait beaucoup. Soudain, Madame Brighton se leva. La Poufsouffle remarqua, un peu honteuse, qu'elle avait oublié la directrice durant quelques instants.


Kim la salua d'un signe de tête. Elle espérait secrètement qu'elle reverrait la directrice car elle l'appréciait vraiment beaucoup. Pendant ce temps là, la jeune fille assise en face de la Poufsouffle avait sortie une feuille et avait écrit quelques mots, avant de la ranger. Puis elle dévisagea Kim avec un sourire aux traits effrayants. Cela donna une idée à la Poufsouffle. Elle sortit à son tour une feuille de papiers et de crayons, puis s'adressa à son interlocutrice avec un sourire radieux:


Kim regarda son interlocutrice, dans l'espoir que cela marcherait.

Les voix et quelques sons de rires que déclenchait une similaire situation ne se firent pas entendre, le silence acclamait et applaudissait la jeune Poufsouffle qui  s’était retrouvé en quiproquo face au propos de Vélane. Si celle-ci s’était mise à ignorer sa question posée, il était évident qu’elle n’avait, en l’occurrence, pas répondu à la jeune fille, assise sur une chaise en bois, à boire son verre de bierreaubeurre. Un petit couinement dans sa tête se mit de nouveau à rire, l’esprit en elle, avait de nouveau saisit l’occasion afin de se moquer de l’inconnue, « Un sourire devrait s’afficher sur son visage, elle croit que ton murmure était adressé à sa personne »  . Vélane arqua son sourcil fin, et fixa un long moment son interlocutrice « oui, je vois… ».  


La jeune fille soupira, et hésita un instant à éclairer ce petit point que susciter son exaspération. Quelques minutes de réflexes lui furent nécessaires avant que l’Oshild ne se décide de laisser flâner le malentendu. Il se pouvait que par ce biais, aucune nouvelle conversation ne soit de nouveau lancée. Ce qui, bien évidement ne tarda pas à se déclencher. La jeune fille fit proposition peu alléchante à l’Oshild qui calcula en plissant les yeux les moindres failles des paroles qu’avaient prononcés celle-ci. De nouveau Vélane arqua son sourcil et fixa la jeune fille d’un air impassible, ignorant sa présence pour les secondes à venir.


La jeune sorcière regarda lentement son interlocutrice en feignant de ne faire preuve que d’impassibilité, il ne lui fallut que quelques secondes afin de murmurer de nouveau, à l’adresse de la jeune fille, cette fois-ci, répondant à sa requête.


Balayant ses propos comme s’il s’agissait d’un vulgaire vol de moucherons, la jeune sorcière croisa les bras, elle n’allait tout de même pas communiquer des informations à une sorcière qui lui était inconnue. « T’aurais pu lui dire enchanté » .  Vélane, soupira et leva d’exaspération ses yeux au plafond. Si seulement, son esprit se taisait. Elle avait hâte de voir disparaître l’espoir du visage de son interlocutrice et de le voir sombrer dans de l’incompréhension.

La curiosité avait toujours été l’un des caractères qu’appréhendait le plus Vélane. Si, elle, demandait à tout savoir et à tout connaître peu en importe la manière dont elle usait, elle ne voulait en l’occurrence que personne ne sache qui elle était réellement.  Sa vie avait pris fin dès la disparition de son père,  soit disant le jour de sa découverte de ses pouvoirs magiques. En réalité, une part d’elle-même avait toujours su qu’un jour, ce qu’elle avait appris à cacher au plus profond d’elle -même finira par sortir, par exploser dans un milieu extérieur, elle ne supportait simplement pas que l’idée soit vraie, ne serait-ce qu’un minime.  Or, en ce jour même, assise au plein milieu d’un pub dans un village des plus anormales, la jeune fille regardait comme à travers une paroi de rêve, l’un de ses cauchemars les plus effrayants se produire devant et en elle. Dorénavant, Vélane devrait se fier à cette seule pensée, cette seule conviction, cette seule exactitude ; c’est une sorcière.


Elle regarda de nouveau son interlocutrice et une amertume de dégoût la transperça, c’était une sorcière. Ironie du sort. Ces mêmes sorciers que tenait tant à fuir son père et elle durant ces dernières années.  Ramenée à la réalité la jeune fille croisa les bras, elle préférant se retenir de répondre à la jeune fille qui tentait vainement de la faire parler. « Mia, n’aurait-elle pas pu trouver un bien meilleur prénom que cela ?...Mia… ».  Vélane leva les yeux au plafond, signe d’exaspération, sa seule compagnie était l’esprit qui l’habitait et horreur à celui qui l’apercevrait en cas de, pour euphémisme, crise. Cette voix qui transperçait son crâne n’était guère le bienvenue, mais de toute évidence, elle n’y pouvait rien.  Elle se contenta de regarder son ciller au-dessus de la tête de l’autre sorcière. « Je te hais » .


- …


Ce ne fut qu’en entendant une voix de rire provenant de sa tête que la jeune fille, sut, un peu en retard, que malgré le fait que ses lèvres aient bougé, aucun son n’avait franchi ou dépassé sa gorge.  Elle leva un sourcil et se figea ; l’esprit avait pris contrôle d’elle.

Elle voulut faire bouger ses doigts, de sorte qu’elle puisse reprendre contrôle d’un corps qui ne lui appartenait plus. Rien, ses membres  ne lui obéissaient plus et refusaient toute action, même la plus minime. Une froidure liquéfiée  coula lentement le long de son dos, sur sa colonne vertébrale coulait un jet d’eau fumant. Ce n’était que sensations faussées. Une sorte de transe silencieuse dont elle avait l’habitude. Ses pieds engourdis rugissaient de picotements et de fourmillement. C’était une possession.  L’esprit avait pris contrôle d’elle.


De longues minutes vinrent avant qu’un picotement ne fasse de nouveau faire fonctionner ses sensations. Ouïe et toucher devinrent à présent possible. La jeune fille serra le poing qui se referma. Elle clos ses yeux s’attendant à entendre une voix moqueuse dans sa petite tête mais il n’en fut rien. A vrai dire ce n’était plus elle qui pensait. Vélane traça un rectangle peu  visible sur la table et dépoussiéra à la manière d’une maniaque de propreté les quelques grains qui restaient sur sa peau. Elle avait une peau et elle pouvait en ressentir la délicatesse. Elle plissa les yeux, s’habituant à tant de clarté, comment pouvait-on faire face à une telle lumière aveuglante sans se bruler la rétine ? La jeune fille en face de lui, la Poufsouffle, fut prise d’une  angoisse soudaine. Etre assis face un étranger n’était pas la plus bonne des choses à faire, mais le fait était accompli.


Son visage semblait plus émacié, et son teint était devenu plus pâle, virant vers le blanc. Sa mine était telle qu’elle pouvait faire écailler le lait, même le plus frais. Elle toussota, et ce son qui provint de ses lèvres dont de légères veines bleutées apparurent, n’avait rien d’humain.  L’interlocutrice parla, preuve de bêtise.  La soit disant Vélane ne sut que faire, prise entre le sentiment de vouloir s’abreuver de la peur de son interlocutrice et la sensation de malaise dans un tel endroit en exposition,  elle fit trembler ses lèvres, et une voix s’en échappa une voix sifflottante :


-Il  neige dehors.


Et ce n’en était rien.

Son visage semblait plus émacié, et son teint était devenu plus pâle, virant vers le blanc. Sa mine était telle qu’elle pouvait faire écailler le lait, même le plus frais. Elle toussota, et ce son qui provint de ses lèvres dont de légères veines bleutées apparurent, n’avait rien d’humain.  L’interlocutrice parla, preuve de bêtise.  La soit disant Vélane ne sut que faire, prise entre le sentiment de vouloir s’abreuver de la peur de son interlocutrice et la sensation de malaise dans un tel endroit en exposition,  elle fit trembler ses lèvres, et une voix s’en échappa une voix sifflotante :


-Il  neige dehors.

- D'accord, tu ne vas pas bien ! Il faut faire quelque chose et vite !


Vélane reporta son attention sur le point hautement placé en dessus de la tête de son interlocutrice, elle s'écarta un moment lorsque celle-ci avait déposé une main humaine sur son front, horrifiée par un tel contact physique, au plein milieu de tant de gens sorciers. Un son inaudible s'échappa de ses lèvres entrouvertes qu'elle se dépêcha de clore aussitôt. Elle sentit une brûlure là même ou avait été déposé la main de l'inconnue. Non, elle n'était pas fiévreuse.


La jeune fille s'efforça de paraître naturel par dessus son état inhumain et finit par lancer dans un murmure presque inaudible:

-Oh! Mais je vais anormalement bien.


Ces paroles furent accompagné d'un sourire qui n'en était pas un.